Conseillère municipale schilikoise d'opposition, l'écologiste Danielle Dambach plaide pour une reconversion du site Schutzenberger, sous la houlette de l'Eurométropole, en un complexe dédié au tourisme brassicole et au bien-être.

L'emblématique brasserie royale installée à Schiltigheim en 1838 a fortement contribué à forger notre identité brassicole. Fermés depuis 2006, ses bâtiments sont situés en face du parc du Château, à quelques centaines de mètres de Strasbourg et du Wacken Europe. Bien desservi par le tram et l'autoroute, le site occupe un emplacement d'exception sur 2,75 hectares.

Depuis sa fermeture et après bien des rebondissements, la question du devenir du site schilikois se pose, et un peu plus depuis le décès il y a un an de son ancienne propriétaire Marie-Lorraine Muller. Inscrits au patrimoine, les bâtiments et les caves sont en attente de reconversion, et pour certains en péril.

Un patrimoine urbain et architectural d'exception

Les bâtiments témoignent de l'activité brassicole bicentenaire du site dans un ensemble harmonieux de caves de garde et de fermentation, de galeries, avec la malterie, la canetterie, l'atelier de soutirage, la salle de brassage, les villas de maître, le bistrot l'Arbre Vert, l'édicule du pont-bascule avec l'horloge au centre de la grande cour et la cheminée.

Entre 2011 et 2014, le site faisait partie d'un périmètre de 12 hectares impacté par des études urbaines. Au regard de l'histoire de Schutzenberger, de ses contraintes et des enjeux urbains, sa reconversion ne relève pas d'une promotion immobilière classique. La recherche d'une cohérence urbaine s'impose tout en associant réellement les habitants au projet.

Mais quel programme de reconversion ?

Dès 2008, Schilick Ecologie proposait une reconversion avec un centre de bien-être et des bains. Les bâtiments historiques et les caves réhabilités seraient un cadre idéal à la détente et authentique pour déguster une bière ou un plat cuisiné à la bière.

Marie-Lorraine Muller et Patrice Snoeck avaient travaillé sur un projet partant de cette idée. Au programme : une brasserie, piscine-saunas-hammams, un hôtel, un restaurant, un jardin d'été ou biergarten, une maison du patrimoine et une maison des étudiants. La création d'une ligne de cosmétiques à base de fleur de houblon était également envisagée. Aujourd'hui, qui va acquérir le site et pour en faire quoi ? Quelle faisabilité avec des coûts de gardiennage, de dépollution et de réhabilitation élevés ?

Avec Schutzenberger, le tourisme brassicole peut prendre son envol

La convivialité est dans l'ADN de Schiltigheim. Avec la vague des brasseries artisanales, le succès grandissant de la fête de la bière et l'arrivée de la brasserie Michel Debus, notre commune amorce un nouveau développement... et toujours à partir de la bière ! Ainsi l'attractivité de Schutzenberger compléterait celle de Wacken Europe, car les congressistes, employés et habitants viendraient en nombre se détendre à Schiltigheim.

Des exemples en France laissent augurer des lendemains qui moussent pour la bière et ses dérivés. Aux collectivités locales de les soutenir pour une attractivité nouvelle. Alors que des professionnels de la filière bière développent une route brassicole en Franche-Comté ou une visite de la ville de Lille avec « l'Échappée bière », il serait incompréhensible que Schiltigheim, capitale de la bière, tourne le dos à son histoire.

Le tourisme brassicole existe déjà en Alsace avec la « Villa Meteor » ou le site « Au gré des Bières », générateur d'envies et d'idées de balades. Schiltigheim serait une halte incontournable sur la route de la bière et Schutzenberger son fleuron. C'est une offre nouvelle, celle du tourisme industriel et d'entreprise.

Les Schilikois sont fiers de ce témoin de leur histoire industrielle et ouvrière. Ils ont le souci de transmettre cet héritage tout en préservant sa qualité urbaine, architecturale et environnementale.

Pour faire vivre un projet économique durable, il me paraît nécessaire que l'Eurométropole s'engage avec une maîtrise d'ouvrage publique. Elle pourrait acquérir le site en exerçant son droit de préemption pour un projet d'intérêt collectif.

Ainsi, ce site serait la locomotive d'une attractivité nouvelle s'appuyant sur la création de services et d'emplois non délocalisables. Le programme de reconversion de la Manufacture des Tabacs à Strasbourg semble exemplaire, celui de Schutzenberger ne doit pas être en reste.

La collectivité a la responsabilité de veiller à la transmission de Schutzenberger dans le respect de son nom, son identité et celle de la ville de Schiltigheim. Osons un projet de reconversion ambitieux et visionnaire pour le rayonnement de notre commune et de l'Eurométropole de Strasbourg.

Danielle Dambach, conseillère municipale de Schiltigheim
Tribune parue dans les Dernières Nouvelles d'Alsace le 28/10/2017